Pour alterner avec « Les aigles de Rome » sa saga historique extrêmement détaillée et barbare, l’artiste avait envie de plus de délicatesse, de légèreté, il souhaitait dessiner de belles choses, des jolies femmes dans des robes élégantes, des costards bien taillés et des voitures rutilantes. C’est naturellement vers les années 50 que ce grand amateur de cinéma s’est orienté, une époque glamour magnifiée par Hollywood qui a vu le triomphe de Cary Grant, Ava Gardner, Robert Mitchum ou encore Rita Hayworth, des acteurs qu’il apprécie et dont il s’inspire.
Il a ainsi orchestré une sulfureuse histoire d’amour entre deux personnages au charisme remarquable, deux êtres qui ont vécu quelques années auparavant une liaison passionnée subitement interrompue. Slick est un bad boy taiseux qui sait se défendre. Quant à Caprice, elle est à la fois chanteuse de jazz et danseuse burlesque. Cette femme fatale, aussi caractérielle que déstabilisante, essaye de survivre dans un monde corrompu. Ils se retrouvent à nouveau au moment où elle s’apprête à épouser un boss mafieux irlandais pour lequel il va être dans l’obligation de travailler.
Il y a encore quelque chose entre eux ce qui envenimera les relations entre les protagonistes et activera jalousies et convoitises, les ingrédients d’un récit délicieusement immoral. La flamme n’est pas éteinte et le danger omniprésent.
L’auteur organise autour de ce tandem une intrigue vivante, sensuelle et amusante.
L’épisode est nerveux et dynamique. L’action est au cœur de la narration et les pages défilent à toute vitesse. L’image prédomine, le maestro ne s’embarrasse pas de textes superflus, il va à l’essentiel. La lisibilité est renforcée par des choix graphiques pertinents, un dessin enlevé et des scènes qui se juxtaposent habilement.
Pour ce projet, il a composé des acteurs secondaires à la limite de la carricature. Il y a évidemment les armoires à glace, les psychopathes et les crétins.
Mais la cerise sur le gâteau ce sont évidemment les illustrations d’Enrico Marini dont les amateurs identifient facilement la technique affûtée et une maîtrise de la couleur et des nuances époustouflante. Il se dégage de ce livre hybride qui fait davantage penser à un roman graphique une impression de facilité déconcertante.
Pour coller à l’atmosphère des films noirs produits jadis avec peu de moyens le bédéiste a choisi une palette réduite. Il recouvre son dessin traditionnel d’encres noires mélangées avec du sépia ce qui apporte des teintes riches. Il ajoute ensuite des touches de rouge pour renforcer le genre et surprendre. Grâce à cette couleur, il attire subtilement l’œil du lecteur avec lequel il semble s’amuser.
Noir burlesque est un thriller abordable et musclé qui brille par son esthétisme fabuleux, son charme hypnotique et ses acteurs bien bâtis et intrigants que l’on apprécierait de retrouver pour de nouvelles aventures. L’aquarelliste excelle pour raviver la nostalgie et parvient à nous transporter une fois encore dans un univers où on ne l’attendait pas.
Ca pétille c'est la chronique qui vous permet de suivre toute l'actualité de la bande dessinée, avec la présentation d'une nouvelle BD chaque semaine !
Stéphane Berducat vous fait partager ses coups de cœur sur l'antenne de Méga fm.
Retrouvez "Ca pétille" le mardi 9h50, le mercredi 17h50, le vendredi 12h50, le samedi 19h20 et le dimanche 9h40 et 16h50