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ça pétille: les chevaliers d'Héliopolis

 Les chevaliers d’Héliopolis est une saga éditée par Glénat qui se démarque par sa teneur « mystique », l’audace absolue de son scénariste Alejandro Jodorowsky, la mise en cases parfaite du belge Jérémy et les couleurs envoûtantes de Felideus.

L’auteur franco-chilien qui est à la fois réalisateur, romancier, essayiste, écrivain et acteur partage une fois encore avec son public ses passions pour l’alchimie et l’histoire.

Il nous propose dans cette tétralogie inspirée d’accompagner Louis XVII, un jeune hermaphrodite rescapé de la Révolution dans son initiation et son passage des 4 étapes alchimiques.

Dans ce récit qui se déroule à la fin du XVIII, et au début du XIX ème siècle, on croisera des personnalités d’exception, Napoléon mais aussi Fulcanelli, Nostradamus et dans le dernier Jack l’éventreur.

Si dans les trois premiers albums, le scénariste a laissé libre cours à son imagination, il a su clôturer efficacement son récit avec un ultime volet intitulé : Citrinitas l’oeuvre au jaune, qui répond à toutes les questions soulevées dans les opus précédents. Il apporte des réponses claires qui clôturent une trame narrative riche et remplie de rebondissements.

Il nous surprend et nous passionne avec des rencontres inattendues, des allusions subtiles, de nombreuses références aux symboles , des métaphores astucieuses et des clins d’œil aux disciplines qui le fascinent : la pratique du tarot divinatoire par exemple.

La série n’est toutefois pas un traité alchimique. Moins technique, elle est d’avantage basée sur l’aspect philosophique, l’accomplissement personnel. Dans le premier opus, le héros renaît pour devenir celui qu’il doit être. Dans le second, il accepte son corps mortel puis d’être homme et femme dans le troisième avant d’achever le Grand œuvre alchimique et de connaître l’illumination.

Pour donner vie à ce récit, Jérémy s’est habitué aux longues conversations tardives afin de comprendre le mode de fonctionnement, le raisonnement de Jodorowsky et servir au mieux la liberté créatrice d’un bonhomme qu’il admire. Recadrant parfois un peu la trame narrative, soumettant des idées, il a vécu une expérience épanouissante, une collaboration simple et heureuse.

Il s’est concentré sur un dessin assez réaliste qui se tient parfaitement en noir et blanc, il a crée des décors imaginaires splendides et des personnages magnifiques qui marquent durablement le lecteur.

Si Beto est une force de la nature, le Jack l’éventreur qu’il a composé pour l’ultime album est une petite merveille. Il a su apporter à ce récit une force inattendue avec des scènes d’action et une représentation d’êtres en mouvement bluffante.

Le coloriste espagnol Felideus Bubastis participe activement au succès de la série car il met un valeur un dessin sublime et dynamique l’enrichissant d’ ambiances magiques.

Les chevaliers d’Héliopolis ce n’est pas seulement un script inventif, divertissant et surprenant qui nous embarque complètement c’est aussi une prouesse graphique et une série originale fine, spirituelle et bien plus contemporaine qu’elle n’y paraît au premier abord.



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