Cinq mois plus tard, on découvre avec bonheur la suite et fin du diptyque. Elle est intitulée Un cœur sous une soutane et on constate rapidement que les auteurs ont parfaitement tenu leur promesse et sont au rendez-vous.

On se régale avec un ouvrage exaltant que l’on peut difficilement lâcher avant la toute dernière page.

Il faut reconnaître que le trio Schwartzmann Jacky, Sylvain Vallée et Elvire de Cock fonctionne à merveille.

Une attirance d’abord du dessinateur pour les livres du romancier, une rencontre rapide et un excitant projet ont précipité leur collaboration. L’idée d’aborder le clergé avec malice a réuni les deux créateurs. Ils se sont alors lancés dans l’aventure offrant à l’ heureux éditeur Dargaud, une bande dessinée rafraîchissante, drôle et musclée.

L’écriture ciselée du romancier a séduit Sylvain Vallée qui après s’être investi longtemps dans des œuvres exigeantes et sombres Il était une fois en France, Katanga, avait besoin de lâcher du leste et de se confronter à plus de légèreté, ce qu’il avait entamé avec l’excellent Tananarive scénarisé par Mark Eacarsall et édité par Glénat.

Il a adapté une intrigue riche en rebondissements, un texte rythmé au ton délicieux, un opus centré sur Lucien un personnage libre, indépendant et immoral qui aime le hard rock. Le gangster dont on va découvrir au fil des pages le passé peu reluisant, s’est retiré dans un village de province où il espère après avoir endossé la soutane se faire oublier. Mais une crapule reste une crapule….. Engrainant les âmes égarées, il a prestement monté un business juteux et profité de son nouveau statut. Le silence ne dure qu’un temps et le danger se rapproche rapidement.

On assiste dès l’ouverture du deuxième acte à un flashback détonant qui nous donne toutes les clés avant de nous embarquer dans une chasse à l’homme impitoyable et haletante. Ça va défourailler sévère, accrochez-vous à votre siège ! L’histoire est macabre, la vengeance sournoise et le final tonitruant.

Il n’y a pas de doute, ça sent l’éclate, le bédéiste prend du plaisir à animer un enfoiré antipathique, froid, charismatique et attachant. On retrouve son dessin semi-réaliste jamais très loin de la caricature, il compose des acteurs caractériels dotés de tronches incroyables.

Il a fait évoluer la pagination au fil de l’inspiration glissant ça et là des clins d’œil amusants, des références cultissimes. La narration est souple, les dialogues désopilants.

L’artiste s’en donne à cœur joie, il met en scène un script enthousiasmant, exécute un découpage imparable, réalise des cases hors champ intéressantes, varie les angles de vue et accentue la dimension comique. Il nous réserve de belles surprises qui raviront les mélomanes et les fans de métal.

Pour créer un décalage et apporter un côté explosif à la BD, le tandem a eu la judicieuse idée de confier la mise en couleurs à Elvire de Cock, coloriste un peu rock n roll, très réputée, qui accompagne le récit avec brio. Elle apporte à un scénario ancré dans une époque révolue, une dimension pop et pulp savoureuse.

Habemus Bastard est une réalisation originale, généreuse, iconoclaste et convaincante. C’est un ovni éditorial, un polar jubilatoire qui fait mouche à tous les coups remportant facilement l’adhésion du public et de la critique. Il mériterait clairement de jouer les prolongations d’autant qu’il possède un petit côté sériel bien agréable. On croise les doigts….

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