Les chevaliers d’Héliopolis, c’est le succulent mélange entre la maîtrise des effets fantastiques et l’ incroyable poésie d’Alejandro Jodorowsky auquel s’ajoute l’insolente et impressionnante technique de Jérémy.
Le second volet édité par Glénat est intitulé Albedo, l’œuvre au blanc, il correspond à la deuxième des quatre étapes alchimiques. Dans cet album, XVII franchit un pas supplémentaire vers la vie éternelle.
Le tandem s’intéresse cette fois à la conquête Égyptienne de Napoléon. Il est accompagné par un chevalier d’Héliopolis, le comte de Saint Germain. Ils imaginent un homme désireux de s’affranchir de la mort et prêt à tous les sacrifices pour parvenir à son but, une histoire crédible car le militaire corse s’était fait traduire le Coran, il avait lu la Bible et était fasciné par le Christ dont il aurait visité la maison. Il va devenir l’alter ego du personnage principal.
Comme toujours, le scénariste franco-chilien s’appuie sur une documentation très fournie dont il extrait de savoureuses anecdotes. L’ensemble des informations présentes dans le récit contiennent un fond de vérité ce qui est extrêmement plaisant. Il conserve ce goût de l’inédit qui lui est propre. Pour cette quadrilogie, l’auteur tisse l’intrigue, propose des choses à son dessinateur qui rebondit ou non sur les scènes. Ensemble, ils veillent à la cohérence de l’histoire et le résultat est fort agréable. Le fait qu’ils ne soient pas français les aident à ne pas magnifier l’empereur que la propagande, la peinture et de nombreux livres ont injustement magnifié. Ils nous le présentent sous un angle neuf, font de lui un conquérant passionné et intéressé, un vrai méchant.
Pour Jérémy, cette série est avant tout l’opportunité de collaborer avec un maître qu’il admire et on peut dire qu’ il s’est surpassé.
Laissant les couleurs à l’excellent Felideus, il s’est entièrement consacré au dessin qui est ultra-détaillé. Il s’est donné comme défi de mettre en scène une histoire forte et il s’est mis beaucoup de pression pour traiter graphiquement de manière originale les grands événements de notre histoire nationale : l’arrivée à Alexandrie, la bataille des pyramides mais aussi le sacre de Napoléon.
Il a reproduit avec maestria les charges de cavalerie. Il livre des angles de vue totalement bluffants et les décors sont grandioses.
Son réalisme poussé apporte de la crédibilité et beaucoup d’épaisseur à un récit captivant.
Bien sûr, l’album n’est pas une BD historique ni un traité alchimique, c’est néanmoins un récit fantastique transgressif qui contient de nombreux symboles et qui devrait séduire un œil averti. Les illustrations de Jérémy sont à l’image de sa couverture envoûtantes et splendides.
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