Coup de projecteur sur l’incontournable album de Régis Loisel intitulé Mickey Mouse : Café Zombo à l’occasion de l’exposition qui lui est consacrée à la Maison de la BD de Blois du 05 juin au 01 septembre 2018.
Réalisée avec intelligence par les élèves du CDSAE du Val de Loire, elle nous en met plein les yeux.
Ce sont les éditions Glénat, heureux acquéreur de la franchise Disney pour la France qui eurent la bonne idée de lui proposer l’aventure et bien sûr l’artiste a relevé le défi réalisant au passage un rêve de gosse.
Régis Loisel que l’on connaît surtout pour ses séries à succès Peter Pan, La quête de l’oiseau du temps, Magasin général ou Le grand mort marque son retour en tant que scénariste, dessinateur et coloriste avec ce titre.
Il a décidé de situer son récit en 1930 au moment ou les Etats-Unis traversent une grande dépression.
Comme tous les matins Horace et Mickey font la queue devant le bureau pour l’embauche. Une fois de plus, il n’y a rien pour eux. Dépités, ils décident d’aller rendre visite à leur ami Donald pour se changer les idées. Au programme : camping au bord de la rivière avec leurs compagnes Minnie et Clarabelle. Sauf qu’à leur retour ils découvrent que la ville a complètement changé. Rock Fuller, un banquier véreux, a racheté toutes les propriétés du quartier et compte les raser afin de construire un terrain de golf. Pire encore, les travailleurs embauchés en masse pour ce grand projet sont devenus accros à une mystérieuse substance café zombo qui fait d’eux de véritables zombies.
Avec cet opus, son auteur réussit l’exploit de rendre un hommage à la fois respectueux et intimement personnel au Mickey de Floyd Gottfredson. Il nous campe un Mickey accrocheur, bagarreur et convaincant.
Même s’il respecte scrupuleusement la charte établie par les héritiers de Disney, il parvient à donner vie à un récit plaisant et animé rempli de petites phrases malicieuses qui font sourire. Il amorce des réflexions intéressantes sur le capitalisme, le sens de l’existence et les addictions qui nous déshumanisent.
Avec son format à l’italienne et son délicieux côté vintage, sa couverture cartonnée et son dos toilé le livre est un magnifique objet composé de 80 planches . Chacune d’elle comprend 2 strips horizontaux comportant chacun 4 ou 5 images ce qui rend la narration très lisible, simple, et efficace.
D’un point de vue graphique, le rendu est classique mais sublime. Les planches sont somptueuses et ultra-détaillées.
Avec Café Zombo, Régis Loisel signe une pépite déjà écoulée à 70000 exemplaires, un album dans lequel il démontre une fois encore qu’il est un dessinateur génial, inspiré et talentueux.
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