Scénarisé par Denis Robert et illustré par Franck Biancarelli, c’est un polar judiciaire narrativement très réussi.
Pour ce one shot composé de 151 planches, le journaliste a décidé de revisiter un de ses premiers romans: Chair Mathilde, une histoire inspirée par l’affaire Simone Weber
Du livre initial, il a conservé l’avatar de la criminelle mais il a totalement remanié son contenu imaginant un personnage principal pittoresque: un homme respectable, un modèle de réussite sociale qui souffre toutefois d’un problème relationnel important avec les femmes.
Sylvestre Ruppert-Levansky, c’est son nom a 61 ans, il est président de cour d’assises dans l’est de la France. Il est attendu au palais de justice par un policier curieux mais également par une demoiselle inquiète de la disparition de son père. Si l’intrigue est intéressante, le casting l’est tout autant.
Les personnages féminins sont justes et convaincants. Que ce soit Rachelle, Mathilde ou Gaëlle, elles dégagent toutes une force et une sensualité subtile.
Proche du roman graphique, l’album délivre les indications avec intelligence. Au fil des lectures, la perception du lecteur évolue, s’affine ce qui résulte d’un découpage habile et bien pensé digne des meilleurs récits du genre.
Pour ce projet, l’artiste a passé une année et demie tant la matière était abondante. Il a d’abord imaginé des acteurs crédibles et glissé quelques clins d’œil qui ne manqueront pas de faire sourire les amateurs de bande dessinées les plus avertis. Avec un décor adroitement élaboré, il nous plonge directement au cœur des années 80. Le soin particulier apporté aux véhicules, vêtements et matériaux, tout converge avantageusement pour nous transporter quelques années en arrière.
Le traitement graphique à l’ancienne de Franck Biancarelli est très chic. Son dessin traditionnel réaliste et détaillé apportent une forme de modernité à un récit qui pourrait à première vue sembler un peu rétro. Son travail de mise en scène, ses angles de vue pertinents, et ses diverses représentations des personnages au fil des pages nous saisissent idéalement.
Son utilisation d’un papier mat, le choix de couleurs numériques froides, étirées et élégantes marquent efficacement la rétine tout en induisant une atmosphère pesante qui nous submerge d’émotions.
Une erreur de parcours est un thriller captivant et une belle découverte. Ses deux créateurs ont su une fois encore combiner leurs savoir-faire : un script solide et une mise en images très aboutie.
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