Les éditions Petit à petit signent indiscutablement avec David Bowie en BD un bijou ce qui explique le raz de marée suscité par sa parution.
Mais comment passer à côté de cette couverture solaire réalisée par Bast ? Le résultat est à l’image de son modèle. Elle donne le ton, capte le regard, hypnotise le lecteur et constitue une sublime invitation à découvrir l’ objet composite qui tient toutes ses promesses.
La partie documentaire est assurée par Nicolas Finet, autant dire qu’elle est impeccable. Le journaliste confirme l’approche mise en œuvre dans son récent Love me please consacré à Janis Joplin, une démarche efficace et irréprochable.
Le scénariste Thierry Lamy a la dure tâche d’imaginer des tranches de vie qui nous aident à cerner un artiste protéiforme qui explora tant d’horizons. Bien évidemment, il manque des choses, mais comment relever un défi aussi ambitieux et revenir sur un personnage aussi fascinant et déroutant en un seul livre alors que les biographies consacrées sont des pavés ?
Il a fait le choix d’aborder sa vie artistique, ses influences et ses transformations mais aussi l’aspect sentimental et les figures emblématiques et éternels complices que sont Iggy Pop et Lou Reed. Il évoque ses compagnes, sa famille et bien sûr son demi-frère Terry qui le marqua tellement. Son parcours saccadé, sa détermination sans faille, son magnétisme irrésistible et son flair sont explorés avec habileté. Son aptitude pour tirer le meilleur de ses collaborateurs et son insatiable curiosité, son immense audace mais également ses addictions et son incursion dans le mime et le cinéma font bien sûr partie du récit.
David Jones n’était pas un homme lisse, incolore et classique et ça tombe bien, ce livre dessiné ne l’est pas non plus.
Il s’achève sur un vingtième chapitre d’une poésie folle, un éclair de génie qui illustre la longévité exceptionnelle d’un artiste qui nous aura surpris jusqu’à la toute fin de sa carrière.
Il est agréable de parcourir cet opus coloré et délicieusement bigarré. Si certains dessinateurs font le choix de reproduire fidèlement la superstar d’autres comme Claire Fauvel, Monsieur IOU et Martin Trystram prennent plus de risques, composent leur « Bowie », étonnent et détonnent. Et puis il y a les planches de Léonie Bischoff qui fait une fois encore des merveilles avec son rainbow color et apporte à l’ensemble de la finesse et beaucoup de sensualité. Il y a aussi ceux qui comme Christopher excellent pour recréer des ambiances et nous transporter dans le temps et l’espace. L’illustrateur se joue des couleurs et en quelques coups de crayon nous installe au premier rang. On appréciera également les portraits ultra-réalistes de Nicolas Pitz, Christelle Pécout et Joël Alessandra qui trahissent un sens de l’observation affûté.
Le docu-BD est un mélange périlleux et il est assez rare que le texte et les planches se confondent harmonieusement. David Bowie en BD est l’ alchimie parfaite, le contre-exemple magnifique, une proposition succulente qui doit beaucoup à la légende qu’il aborde avec respect mais aussi à son casting qui est assez époustouflant. Lorsque l’on referme le livre dessiné, on aurait très envie de prolonger l’aventure autour d’un bar avec The Raven, l’Iguane et à leur côté l’irremplaçable Ziggy disparu depuis déjà 5 très longues années et qui manque beaucoup.
Ca Pétille par Stéphane BERDUCAT :
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