mais aussi par son audace et ses nombreux rebondissements. Elle est publiée par Rue de Sèvres, l’éditeur qui a le souci de produire de jolis objets.
C’est un projet qui était dans les cartons de Régis Loisel depuis longtemps.
Il a vu le jour alors que les deux amis séjournaient en Guyane il y a de nombreuses années. Il avait d’emblée défini une trame qu’ils ont étoffée afin de réaliser un scénario haletant et des opus généreux, épais et dépaysants qui servent de cadre à un western en Amazonie rempli de crapules, à la fois divertissant et somptueux.
Le père de Café Zombo au style inimitable signe une œuvre culottée, sans tabou où le second degré n’est jamais très loin. Il y a un peu de sexe, pas mal de gros mots, des scènes violentes et beaucoup d’humour, ça défouraille à tout va, qui s’en plaindra ?
Il nous propose de suivre un jeune garçon à la recherche de son paternel. C’est une thématique récurrente dans l’œuvre du dessinateur que l’on peut retrouver dans Peter Pan mais aussi dans La quête de l’oiseau du temps.
Une fois de plus, il excelle pour composer des personnages attachants, denses et complexes. Il y a des bons, des méchants et une narration qui nous embarque avec des accélérations puis des pauses et un rythme bien dosé.
Le duo réalise ensuite un découpage à quatre mains, imagine une organisation en vis-à-vis tout en s’autorisant quand cela s’avère nécessaire quelques libertés et ajouts dans un souci de cohérence.
Olivier Pont, dessinateur de l’incontournable Où le regard ne porte pas… se charge alors des illustrations. Sa technique traditionnelle, son utilisation du pinceau et de l’encre de chine, sa science du story-board et son dessin semi-réaliste détaillé, fluide et convaincant font alors la différence.
On est charmés par une nature hostile qu’il restitue avec brio et dans laquelle les serpents pullulent. La météo y est bien pourrie. Il y a aussi pas mal d’individus dérangeants avec des tronches incroyables.
Dans ce troisième opus intitulé GUAJERAÏ, on en prend les yeux avec une course poursuite en mobylette astucieusement mise en cases. Le réalisateur dévoile tout son talent pour mettre en scène, cadrer et offrir un rendu dynamique voire cinématographique.
Les couleurs de François Lapierre mettent avantageusement en valeur un dessin méticuleux tout en lui apportant du relief.
Un putain de salopard c’est une œuvre singulière, débridée, virile avec une dimension humoristique délicieuse, la création d’un tandem qui n’a plus rien à prouver et que l’on aime retrouver de temps en temps afin de se rappeler que la BD franco-belge ne se porte pas si mal. Allez, en route!
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