un album époustouflant publié par Glénat et une BD qui colle à la perfection à son sujet, un être magnétique, mystérieux qui a longtemps été la cible des fantasmes les plus saugrenus.
Le one shot s’ouvre sur une couverture qui en dit long sur le charisme et la piété d’un immense bonhomme, singulier dont la fin fut marquée par la guerre, les tiraillements efficacement mis en scène en bas de l’image.
Dans ce livre dessiné magnifique, Hernan Migoya nous propose une entrée en matière peu ordinaire. L’histoire débute par une rencontre avec les attributs du personnage ce qui a le don de nous décontenancer. Elle se poursuit par une mise en relief des caractéristiques marquantes de ce géant ambivalent entre débauche et sainteté.
Grâce à un processus narratif inspiré, l’auteur démontre l’exceptionnel aura de ce gourou déroutant. Il revient sur ses dons de guérisseur, son pacifisme et son désintérêt pour l’argent. Il brosse un portrait complet et passionnant d’un individu généreux qui aimait beaucoup les femmes. Le moujik de Sibérie avait les faveurs de la famille impériale dont il soulagea le fils hémophile et de la haute aristocratie, une forte influence et par conséquent beaucoup d’ennemis.
Il nous transporte à Saint Pétersbourg, la prestigieuse ville Russe. L’ambiance y est délétère et la situation du pays désastreuse. Il traduit les tensions rencontrées par le couple princier et s’active intelligemment pour solliciter notre esprit critique.
Le dessinateur Manolo Carot utilise un découpage varié, vivifiant et séduisant. Il compose des planches soignées que l’on découvre avec bonheur. Son dessin semi-réaliste détaillé et dynamique est enthousiasmant. Il dote le mage d’un regard insoutenable et pénétrant que l’on imagine à propos.
Les couleurs utilisées sont délicates, ravissantes et pleines de nuances. Elles nous invitent à prendre du recul, de la distance.
Dans cet opus, les bédéistes reviennent avec ingéniosité et élégance sur un crime d’état. Son assassinat commandité et sans doute encouragé par les services secrets est fidèlement rapporté. La BD nous amène malicieusement à reconsidérer un homme aux mœurs certes simples mais qui était sans doute moins maléfique que ne le prétendaient ses détracteurs. Il est néanmoins assez logique que cette mauvaise réputation et sa vie romanesque inspirent encore de nombreux écrivains et des artisans du neuvième art.
Avec Une révolution nommée Raspoutine Hernan Migoya et Manolo Carot nous comblent grâce à un divertissement captivant, hypnotique qui dépasse le cadre du folklore. Ils nous laissent finalement sur une excellente impression et conquis.
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