Il constitue un tournant majeur pour cette incontournable saga. Le remplacement au pied levé de Philippe Delaby par Theo Caneschi a sans doute été un virage compliqué à appréhender pour Jean Dufaux et pourtant ce passage de témoin entre deux dessinateurs de grand talent est une jolie réussite.
Le scénariste érudit nous conduit une nouvelle fois dans la Rome antique avec un scénario qui compte de nombreux rebondissements. Un épisode rythmé, des références constantes et sourcées à la grande Histoire font de ce thriller un divertissement délicieux, un drame succulent et savoureux qui grâce à sa qualité tient en haleine depuis tant d’années les amateurs de récits d’envergure.
Au sommaire, le retour de Lucius Murena après de sombres aventures, un focus habile et subtil sur l’Hydre, personnage attachant qui prend facilement la lumière mais aussi l’intervention de Sénèque que l’auteur a décidé de mettre au premier plan. Une conspiration et des relations compliquées entre les protagonistes relancent judicieusement l’intrigue. On replonge avec plaisir dans un univers cruel et dangereux dans lequel la vie ne tient qu’à un fil. L’auteur expérimenté ne nous laisse aucun temps mort, que ce soit dans l’arène ou dans les lupanars, il nous embarque avec facilité.
Son script solide, classique et documenté s’accorde avec brio au dessin académique de Théo qui nous régale avec son trait sûr et précis.
L’artiste impressionne d’emblée par un découpage imparable, ses planches élaborées en vis à vis donnent le tournis. Elles témoignent d’une maîtrise singulière qui procure une excitation qui ne cesse de grandir lorsque l’on passe au dessin. Sa science de l’anatomie, des proportions, des visages ainsi que l’exceptionnel soin dévolu aux décors nous laissent littéralement sur les fesses. Il s’y connaît pour composer des tronches atypiques. Quant aux couleurs de Lorenzo Pieri, elles subliment les formidables tableaux établis par le maestro italien. Leur alternance est un enchantement.
Après Le pape terrible, Le trône d’argile Théo convainc une fois encore et nous prouve (si certains en doutaient) qu’il compte parmi les plus grands. Aussi généreux que brillant, l’homme sait s’entourer. Il constitue avec Jean Dufaux un formidable tandem et on a très hâte des les retrouver pour un treizième chapitre d’autant que son complice a le sens du teasing. Il annonce déjà pour la suite, à ses fidèles lecteurs d’agréables surprises.
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