Dans la veine des volumes précédents, La magicienne est le quatrième volet de l’excellente et truculente série Les vieux fourneaux, un projet culotté et plein d’humour édité par Dargaud.
Scénarisée par Wilfrid Lupano, dessinée par Paul Cauuet, elle met en scène trois vieux potes libertaires, consistants et pittoresques, capables de donner à la jeunesse des leçons d’activisme. Dans cet épisode, les anciens se confrontent aux défenseurs d’une espèce de sauterelle protégée: la magicienne dentelée. L’insecte est menacé par le projet d’extension d’une entreprise qui pourrait permettre de relancer l’économie sclérosée de la commune de Moissac dans le Tarn et Garonne.
Les vieux fourneaux rencontrent un succès critique et commercial mérité qui s’explique aisément au vu de ses diverses qualités.
C’est d’abord une BD qui a un réel propos politique. Dans cet album petit format de 53 planches, ses auteurs abordent avec intelligence et lucidité des sujets sensibles et actuels: la nécessaire reprise économique, les préoccupations écologiques, les patrons voyous, le manque de transparence, les conflits générationnels, les secrets de famille pesants, les disparités ville / campagne et les déserts médicaux.
Le tandem signe une histoire transgénérationnelle efficace, idéale pour susciter le dialogue en profitant au passage pour distiller de savoureux messages.
Il multiplie les clins d’œil aux autres séries et dessinateurs, utilise des ressorts comiques variés et nous ravit avec des dialogues piquants dont on ne se lasse pas.
Les illustrations sont exécutées avec beaucoup de talent, elles complètent la narration avec pertinence. La patte du dessinateur est singulière, les planches fourmillent de détails et les personnages sont tous expressifs et habités. Les couleurs réalisées par Gom sont avantageuses. La couverture est une fois encore particulièrement réussie, lumineuse et inspirée.
La magicienne est un récit qui nous touche et nous embarque parce qu’ il parle de vrais gens.
Les deux amis parviennent à nous séduire avec une narration captivante dans laquelle s’expriment leurs regards aiguisés et malicieux, leurs personnages désopilants et un sarcasme addictif et vivifiant.
On attend avec impatience l’adaptation cinématographique de Christophe Duthuron avec dans les rôles principaux: Jean Giraud, Pierre Richard et Eddy Mitchell. Même si le casting s’annonce prometteur, il ne nous reste plus qu’à espérer qu’elle soit à la hauteur !
Bonne lecture !
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