Si vous aimez la radio et les gens qui la font alors il y a un one shot qu’il ne faut absolument pas manquer: Interférences, le dernier opus de Laurent Galandon et Jeanne Puchol édité par Dargaud et préfacé par Albert Algoud. Les deux artistes signent un petit bijou sur l’engagement: un sujet qui les anime fortement depuis des années.
Ce docu-fiction a pour toile de fond l’histoire des radios libres. Il nous remémore avec brio les différentes étapes qui incitèrent nos politiciens à mettre fin au monopole d’état.
Les trois personnages principaux que l’on retrouve sur la splendide couverture flashy incarnent à merveille une génération et les motivations qui poussèrent de nombreux jeunes à s’engager à corps perdu dans l’aventure radiophonique. Ces enfants de mai 68 étaient des hommes et des femmes en résistance et la libéralisation des ondes est devenue progressivement leur combat. Pour le mener, ils ont accepté de jouer au chat et à la souris avec les autorités quitte à prendre le risque de payer de fortes amendes ou encore d’aller en prison.
Le premier, Pablo, est passionné de musique, le second est un militant de la liberté d’expression et le troisième est féru de technique. Ensemble, ils vont créer Radio Nomade. Qu’ils nous agacent ou nous amusent, ces trois garçons nous parlent et c’est l’un des atouts majeurs de ce livre dessiné qui raconte aussi une belle histoire d’amitié avec ses joies et ses crispations. Il y a aussi de l’humour avec Douglas et son besoin de jouissance permanent. Extrêmement sympathique et égoïste, cet anglais nous amuse car il se fout de tout.
Une fois encore, l’auteur nous permet de passer un bon moment mais aussi de jeter un regard critique sur notre passé. Il retranscrit avec talent l’esprit de rébellion d’une époque révolue.
Parti de la vague incroyable que fut Radio Caroline et ses pirates, il parvient à nous captiver littéralement avec une intrigue finement distillée.
Jeanne Puchol est une dessinatrice parisienne qui a connu de près l’essor des radios libres. Elle nous séduit avec un découpage très aéré, des illustrations réalistes et des nuances de gris splendides qui impriment le livre dans les années 70 et 80.
Interférences est un livre intéressant, prenant et élégant qui met parfaitement en lumière l’évolution de notre société. C’est aussi un coup de projecteur réussi sur la radio qui demeure encore aujourd’hui un formidable espace de liberté puisque « rien n’arrête les ondes ».
Bonne lecture.
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