Vies volées est un one shot bouleversant réalisé par Matz et Mayalen Goust.
Edité par Rue de Sèvres, il constitue une fiction inspirée et un splendide hommage aux Grands-mères de la place de mai qui se battent depuis plus de 40 ans pour retrouver en Argentine les enfants volés par la dictature militaire.
Il fallait des artistes talentueux pour traiter ce sujet pour la première fois en Bande dessinée. Initié par l’éditrice, l’album a été exécuté avec finesse.
Le scénariste prolifique, grand connaisseur de l’Amérique du Sud a accepté de relever le défi qu’on lui a proposé. Il signe un récit sensible avec une dessinatrice ce qu’il n’avait encore jamais fait.
Il nous entraine à Buenos-Aires à la fin des années 90. Deux jeunes hommes vivent ensemble. Ils sont étudiants et amis. Le premier Mario est un intellectuel introverti passionné de littérature qui se pose beaucoup de questions sur sa filiation. Il a l’impression qu’un secret pèse sur ses origines. Il souhaite profiter des avancées techniques pour percer le mystère qui le hante.
Santiago est lui déluré et blagueur, il profite de la vie et de son charme. Ensemble, ils vont entamer des démarches dont les résultats se révèleront fort déstabilisants.
Les auteurs jouent sur l’effet de surprise et on se laisse embarquer dans une histoire qui nous séduit d’emblée avec une harmonie parfaite entre une narration poignante, intimiste et un dessin tout en délicatesse qui souligne les sentiments de personnages terrassés par leurs émotions.
Le traitement graphique est parfaitement adapté. Les dessins sont réalisés au crayon de papier et colorisés informatiquement. Mayalen Goust parvient à suggérer des choses, introduit des respirations qui permettent au lecteur de s’approprier le récit. Elle offre des angles de vue étonnants, très imaginatifs.
Les tons doux utilisés restituent magnifiquement la luminosité de la capitale argentine. Avec des cernes blanches et des phylactères arrondis, elle offre un rendu clair et aéré.
Vies volées est un petit bijou d’une élégance remarquable.
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