Edité par Glénat, il amorce une tétralogie prometteuse intitulée Agata.
C’est un de ces récits racés qui commence par une histoire singulière. Commandé à Olivier Berlion par un dessinateur passionné par les années 30, le scénario a été élaboré mais pour diverses raisons professionnelles, la collaboration n’a pu être menée à son terme. Sa réalisation a été différée compte tenu des nombreux projets en cours de l’auteur (Le juge, L’art du crime) avant de susciter l’envie, le désir de mettre en images un scénario qu’il aimait quand même beaucoup.
Après de laborieuses recherches pour trouver l’univers graphique et un long essai avorté dont on peut voir des extraits dans le cahier graphique de la première édition, l’artiste a choisi pour ce polar noir et réaliste un traitement lumineux à l’image de la séduisante Agata.
Il a imaginé un savoureux mélange entre fiction et réalité. Plusieurs faits avérés ont servi de base à la narration, la forte immigration polonaise en Amérique, la dureté des lois contre l’avortement et le personnage de Lucky Luciano, un mafieux italo-américain qui à cette époque était en train de s’emparer de New York et de mettre la main sur le crime organisé.
Lors de ce premier volet, il a fait le choix d’ouvrir sur l’univers impitoyable et sanglant du brillant gangster. Audacieux et stratège, il connaît dans cet opus liminaire une fulgurante ascension. Le bédéiste laisse progressivement la place à son héroïne. Immigrée en fuite, elle est un joli mélange entre Brigitte Bardot et un mannequin russe célèbre. Elle crève les planches et on devine assez rapidement que c’est elle qui aura le rôle principal car elle ne laisse personne insensible.
La démarche est subtile. Le premier opus s’achève avant que les deux héros ne se rencontrent et c’est tout a fait pertinent. L’intrigue est lisible, simple et réfléchie.
Dès le premier volet, l’auteur parvient à installer un cadre riche. Les acteurs sont nombreux mais aisément identifiables Pour les dessiner, il est parti de photographies dont il a tiré les caractéristiques principales. Chaque malfrat fait l’objet d’une représentation soignée.
Pour recréer l’atmosphère de l’époque et les lieux ou se déroulent les nombreuses scènes d’action présentes dans l’ épisode, Olivier Berlion a utilisé les visuels disponibles sur le net, dans les films et les épisodes de la série d’HBO Boardwalk Empire mais aussi Google Street.
Il nous embarque avec un découpage vivant, empli de respirations et de magnifiques tableaux. Il offre au lecteur 75 planches et le temps nécessaire pour s’attacher aux personnages. Il signe un livre qui contient des cases splendides et détaillées toutes réalisées à la main et des cadrages recherchés . L’usage de l’aquarelle apporte un effet démodé idéal pour aborder le contexte. Quant à l’acrylique, elle donne un petit côté dessin animé et une vivacité extrêmement plaisante.
Le syndicat du crime est un album musclé, sensuel, captivant et superbe à découvrir absolument.
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