L’image, sublime en dit long sur l’artiste. Elle affiche un sourire malicieux qui semble défier le lecteur, une détermination sans faille, une force de caractère et une coupe afro qui sont autant d’indications délivrées sur le fort tempérament de notre héroïne. Cette couverture très réussie est une entrée en matière percutante et prometteuse.
Sophie Adriansen signe les scénarios et textes documentaires de cet objet hybride passionnant. Elle a puisé dans une longue bibliographie pour nous livrer une lecture accessible et éclairante et des épisodes dessinés significatifs. Elle retrace un parcours sans l’idéaliser qui va des 3 ans de la reine du blues jusqu’à son trépas. On y rencontre une fillette ébranlée par l’injustice que l’on surnomma après de nombreux combats « la Sainte Patronne de la Rébellion ».
Grâce à une vingtaine de chapitres, elle nous permet d’appréhender une musicienne Afro-Américaine incontournable. La grande prêtresse de la soul a eu une longue carrière de près de 50 ans et composé 300 titres ce qui en fait une créatrice prolifique qui a marqué son époque par son art, son énergie et son engagement.
Avec sa rage et son piano, elle a bousculé l’Amérique puritaine en s’engageant au service des droits civiques à un moment où on détestait que les femmes aient du succès.
En raison de son esprit combattif et de ses protest songs, la diva à la voix d’or a subi la censure et le boycott mais cette pianiste virtuose sans doute dotée de l’oreille absolue a finalement pris une belle revanche en entrant dans la postérité.
19 dessinateurs d’horizons divers ont participé à ce projet. Il se dégage de leurs prestations une belle harmonie. On est charmé par les dessins et couleurs d’Anne Royant, Walter Pax, François Reynaud et Mayeul Vigouroux, touché par le style réaliste et délicat de Christian Galli, par les effets vintage de Samuel Figuiere et les illustrations pétillantes de Mademoiselle Caroline.
Les partitions d’Adrien Roche et Romain Brun sont séduisantes, celle d’Antoane Rivalan lumineuse. François Fayard étonne avec dans ses planches de l’ originalité et beaucoup de caractère. Cynthia Thiery apporte de la poésie, Chadia Loueslati beaucoup de classe à un épisode qui ne l’est pas. Isabelle Python excelle pour reproduire la fougue d’une battante.
Nina Simone en BD est un hommage de qualité, un projet pour lequel chacun des participants a donné le meilleur de lui-même. C’est une lecture agréable grâce à laquelle on voyage dans le temps savec facilité. On y redécouvre l’aura immense d’une pianiste francophile aux mille talents et au destin exceptionnel que le cinéma et le monde de la musique ne cessent de revisiter.
Elle restera pour tous un modèle de persévérance et une source d’inspiration intarissable.
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