Avec ce projet sans doute longuement mûri, il donne les clés pour comprendre le lien entre la famille Winch et Largo levant ainsi le voile sur les nombreux mystères qui entourent l’énigmatique gentleman et qui intriguent les bédéphiles depuis le départ de cette inoubliable série.
On y fait surtout la connaissance de Nerio Winch, père adoptif du golden boy, que l’on avait à maintes reprises entrevu dans les flashbacks distillés au fil des épisodes. On y découvre l’homme d’affaires calculateur, sans scrupules et visionnaire que l’on soupçonnait depuis le départ. La connaissance de son parcours, de ses aïeux, de l’origine de sa richesse nous rend peut-être un peu plus indulgent avec le personnage.Tout au long de cette fresque familiale d’envergure, l’auteur a réalisé de somptueux portraits proposant des rôles féminins solides tout en nous promenant dans le temps et l’espace avec facilité. La dimension géopolitique est comme d’habitude parfaitement maîtrisée. Les personnages sont bien bâtis, attachants et les rebondissements nombreux. On file à toute allure. C’est un régal !La narration est fluide, l’expérimenté scénariste déploie son intrigue avec astuce, les éléments s’imbriquent et cet ultime opus s’achève en apothéose. Pour les amateurs de la saga culte, cet album intitulé « Danitza 1965 » est un délice. C’est également pour Jean Van Hamme, une manière élégante, classieuse d’en finir avec un « héritier » qui a pris avec son adaptation pour le cinéma, pour la télévision, une autre stature. Il poursuit d’ailleurs ses aventures en BD après 20 tomes dans une nouvelle direction avec Philippe Francq et Eric Giacometti aux commandes.En choisissant Philippe Berthet pour la conception graphique, le créateur de Thorgal et XIII a souhaité produire une bd franco-belge de facture classique et traditionnelle, un format efficace qui lui a toujours réussi et qui ainsi, naturellement, s’écarte de l’audacieuse série mère. Le dessin de Philippe Berthet est distingué et précis. Pour ce spin off, il a abattu un travail colossal parvenant toujours à produire un découpage équilibré malgré des textes parfois copieux. Ses représentations de femmes sont comme à l’accoutumée majestueuses et singulières. Il est assisté de l’artiste Dominique David qui assure les crayonnés des décors et des arrières-plans travaillés. Les couleurs exquises de Mado sont un enchantement.
Avec ce troisième tome, comme les précédents épique et foisonnant, les bédéistes mettent un point final à une trilogie ambitieuse et convaincante qui tient toutes ses promesses et nous donne furieusement envie de nous replonger dans la fabuleuse saga.
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