Cette série western très au dessus du lot ne déçoit jamais. Les scripts sont réalisés par un conteur génial qui en quelques cases parvient toujours à accaparer le lecteur et à le guider exactement où il le souhaite. Il joue avec lui, s’amuse, l’ embarque, le met à sa merci avec une intrigue riche en rebondissements et subtile.
La saga possède un héros emblématique autour duquel s’organisent et tournent de nombreux acteurs secondaires bien bâtis et malicieusement charpentés. Le cowboy manchot est capable de faire face à sa peur et il est jouissif de le suivre dans chacune de ses aventures. Toujours porteur de lumière, il va à chaque tome stabiliser les convulsions d’une histoire impitoyable et cruelle.
Comment ne pas évoquer les supers décors très travaillés qui constituent l’apanage de l’ouest américain mais également le jeu toujours juste des comédiens, les postures impeccables, les regards percutants qui font que les bulles sont souvent superflues ?
Que dire de la mise en couleur singulière qui sublime les planches et lui donne un caractère pétant, dynamique et savoureux ?
Avec ce douzième volet intitulé Hécatombe, le bédéiste démarre pied au plancher et distribue 140 planches époustouflantes. Les éléments sont déchaînés, la pluie ravage tout sur son passage, les cercueils du cimetière en surplomb dégoulinent et défilent dans les rues, la banque et inattaquable. L’ambiance apocalyptique apporte de la consistance et tout se met subtilement en place. Les idées rebondissent les unes sur les autres et tout s’imbrique parfaitement.
Ça flingue à tout va , bref, c’est du très grand divertissement. Comme c’est l’usage avec ce genre de récit, la violence, l’horreur, l’injustice et l’immoralité sont au programme. Que les âmes sensibles s’abstiennent, on est pas là pour conter fleurette.
Le grand prix d’Angoulême ne cesse de nous désarçonner et on adore ça. Il prend possession de notre esprit et comme il n’y a aucune faille dans la narration, on évolue, captivés, dans des péripéties sombres le sourire aux lèvres. Le rythme est haletant, la tension, omniprésente.
Mais cet ultime volet publié par Glénat marque également une rupture, un coup d’arrêt, une faille émotionnelle pour le redoutable tireur avec des événements irréversibles.
Les coups de théâtre sont retentissants et on ne peut s’empêcher de trembler à ses côtés.
Dans cet opus, la géologie s’invite et il est intéressant de porter son attention sur le soin consacré à l’exécution des roches, leur fluctuation et leur couleur.
Il y a des éléments un peu subliminaux, souvent des visages. Les formes se combinent, s’animent et séduisent. L’artiste, grand maître de l’espace alterne paysages infinis et constructions étriquées. Les effets de dilatation de contraction sont imparables, on en prend plein les yeux. Les planches construites en vis à vis sont lumineuses.
Hécatombe n’est pas un volume de plus, c’est une leçon de BD, un tome généreux qui associe un sens du scénario précis, une mise en scène brillante et une colorisation impressionnante.
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