C’est un bijou traduit par Alice Gallori et publié par Steinkis éditions, un album petit format qui se dévore littéralement et qui a le mérite d’être intéressant et divertissant. Il est l’œuvre d’un tandem expérimenté, une association à laquelle on doit notamment les remarquables À bord de l’Aquarius et Chez nous, paroles de réfugiés chez Futuropolis.
Les auteurs s’approprient un fait divers retentissant, le vol de la Joconde en août 1911 par Vincenzo Peruggia, un vitrier transalpin employé au musée du Louvre. L’homme s’empara du tableau de Léonard de Vinci et décida après l’avoir gardé caché à son domicile pendant deux ans de le restituer, contre une somme d’argent, à l’Italie, pays auquel il pensait qu’elle devait revenir. Comme beaucoup de ses compatriotes, il séjourna en France dans des conditions misérables, fut employé sous un statut précaire et exploité par une administration peu scrupuleuse.
À l’image de nombreux auteurs, les bédéistes ont utilisé les informations disponibles puis ils ont élaboré à partir de ces éléments une farce captivante qui nous tient en haleine efficacement.
Il dressent une chronique sociale pertinente, nous remémorent les conditions de vie des immigrés en France au début du siècle dernier tout en nous donnant une bonne idée de la place de l’art à cette époque. Ils mettent surtout en lumière un événement qui aura des répercussions incroyables sur la popularité du chef d’œuvre du maître Italien Léonard de Vinci. Ils nous embarquent dans une passionnante enquête aux allures de comédie avec des acteurs aux traits de caractère marqués. On prend part à des investigations palpitantes au cours desquelles on a la bonheur de croiser des personnalités, des artistes et pas des moindres.
Il est bien difficile de ne pas ressentir de l’empathie pour le sympathique voleur dans lequel on appréciera un petit côté burlesque, une naïveté touchante et une ressemblance évidemment travaillée avec un autre de ses contemporains Charlie Chaplin. La gestuelle, les vêtements, sa façon de se déplacer, sa bonhommie nous renvoient à l’acteur comique qui deviendra bientôt incontournable.
Le découpage est à la fois ingénieux, agréable et le dessin virevoltant. Les couleurs de Giuliana Rinldo et Fabio Franchi ancrent le dessin dans une période révolue tout en mettant avantageusement en relief des illustrations charmantes et inspirées.
Pour l’amour de Monna Lisa, Le plus grand vol du XXème siècle c’est un opus de qualité, une très belle surprise qui ravira les amateurs de bande dessinée bien sûr, les fervents admirateurs du fameux portrait mais également toutes les personnes que l’histoire de l’art fascine.
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