le second volet d’une collection amorcée par un premier album lumineux Marie et les esprits, un titre dédié à Marie Curie et à son attirance indiscutable pour les sciences occultes.
Cet album qui est le fruit d’un financement participatif réussi sur Ulule narre les péripéties extraordinaires d’un certain Charles Dawson, un homme riche en transit sur un bateau en partance pour San Francisco. Sociable et sympathique, l’homme se retrouve opportunément en face d’un illustre passant qui n’est autre que le britannique Robert Louis Stevenson. Connaisseur de l’œuvre de l’écrivain, il s’empresse de lui confier les raisons de sa fortune liée à la possession d’une étrange main du diable, un membre momifié qui réalise tous ses souhaits. Mais il y a, hélas, une contrepartie peu reluisante, il est impératif de s’en débarrasser en la revendant moins cher que la somme versée à son précédent propriétaire. En cas d’échec, le détenteur ira directement brûler en enfer ce qui induit une excitante course contre la montre et pas mal de tension.
C’est un scénario captivant que nous propose Rodolphe. On y retrouve l’écriture impeccable d’un créateur expérimenté, sa finesse et ses références multiples à la littérature qu’il enseigna jadis. Stevenson, un de ses auteurs fétiches auquel il consacra une biographie est de la partie mais également Gérard de Nerval et sa célèbre nouvelle La Main de gloire : histoire macaronique. Sa science du récit nous embarque dans un épisode introduit par un épilogue subtil. Il nous happe rapidement avec une histoire élégante, emplie de de malice et habitée par des personnages auxquels on s’attache inévitablement. Les émotions sont exacerbées et les frissons garantis.
Il nous offre une expérience ésotérique délicieuse, une course poursuite aux quatre coins du monde aussi convaincante que divertissante.
C’est avec panache que le dessinateur Griffo met en scène un script clair qu’il dote d’un découpage habile et d’illustrations séduisantes. Les décors sont aussi soignés que les bateaux, les visages et les tenues des protagonistes. La performance graphique est éblouissante. L’encre de Chine est délicatement appliquée avant d’être agrémentée de superbes nuances aquarellées qui donnent à l’ensemble un souffle épique fabuleux.
La main du diable c’est un one-shot exaltant et une BD franco-belge ravissante , un travail d’orfèvre exécuté dans la pure tradition qui comblera à coup sûr les nombreux amateurs de récits teintés de fantastique, affûtés et bien menés.
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