Soli Deo Gloria c’est un déluge de beauté, une œuvre gothique impressionnante signée Jean-Christophe Deveney et Edouard Cour pour les éditions Dupuis.
Après avoir convaincu le public avec Les météores, le scénariste mélomane réalise avec son comparse une fiction en neuf chapitres originale, un livre qui raconte la formidable ascension de deux jumeaux de basse extraction, Hans et Helma. Grâce à leur don pour la musique et leur travail acharné, ils s’émanciperont et quitteront une Allemagne rurale et austère pour se produire dans la fine fleur des palais italiens.
Leurs péripéties se déroulent dans un contexte très élaboré, un XVIIIème siècle extrêmement insécure. Si la narration est captivante, elle n’en est pas moins exigeante et cruelle. On y croise des personnages effroyables, des épisodes sombres avec des rebondissements tonitruants.
Le bédéiste met en lumière la pratique musicale de très haut vol et tout ce qu’elle suscite comme efforts et sacrifices, les prédispositions indispensables, l’initiation, la formation pour accéder à la composition vocale ou instrumentale. Il interroge sur la part de divin qui entoure le processus créatif et souligne la précarité des artistes.
Par le biais de ses acteurs et les relations qu’ils entretiennent, on appréhende les rapports complexes entre un créateur et sa ou ses muses, les problèmes d’ego, les rivalités mais également les fragilités de l’existence, le désir de reconnaissance et l’envie indispensable d’exister en tant qu’individu.
Dans cette délicieuse odyssée musicale, on suit de près le cheminement artistique tonitruant et incertain d’une fratrie bousculée par les difficultés et épreuves mais dont la capacité à rebondir, à avancer pousse au respect et épate.
Avec cette partition sans fausse note qui nous aspire littéralement, le créateur qui s’est quelque peu inspiré de la vie de Vivaldi rend au passage un fervent hommage au grand Jean Sébastasien Bach à qui il donne astucieusement la parole.
Il nous offre un conte romanesque exaltant, un album généreux au charme indiscutable dont la structure est soignée et habilement façonnée. Caque chapitre est introduit par un titre et une pleine page somptueuse. L’opus contient également quelques doubles-pages fascinantes.
Si le travail colossal de l’auteur transpire, celui du dessinateur est plus évident. Chaque case est un régal. Professionnel de l’image, le dessinateur qui fit une partie de ses études à l’ESAD d’ Orléans s’affranchit des codes stricts de la bd. Il livre une prestation graphique enthousiasmante, un dessin très design, ultra-détaillé et saisissant ainsi qu’une ambiance noir et blanc inquiétante et fantastique parsemée de touches de couleurs à la façon d’un feu d’artifice lorsque la pratique artistique touche au fabuleux.
Soli Deo Gloria c’est un divertissement bouleversant et ravissant que je vous recommande chaleureusement.
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