Ouvrage féministe et biopic exhaustif, PHOOLAN DEVI reine des bandits est la dernière réalisation de Claire Fauvel.
Le roman graphique édité par Casterman est un album coup de poing qui interpelle par son traitement graphique singulier.
Séduite par le personnage qu’elle a découvert grâce à son père, elle a décidé d’adapter l’autobiographie de 400 pages de cette indienne incroyable qui sera tour à tour misérable victime, bandit, prisonnière puis députée.
Attirée par son côté anarchiste et rebelle, son combat pour les pauvres, son sens inné de la justice et son destin tragique, elle s’est lancée dans un chantier qui lui prit un an, un travail colossal qui impressionne d’emblée par sa qualité.
Dans ce récit passionnant et dramatique, l’autrice souligne le déterminisme de la situation, montre que l’héroïne résulte d’un cycle de violence dont elle n’a jamais réussi à se défaire. Emplie de colère, la courageuse militante sera rattrapée par ses démons. Elle cédera finalement à la vengeance qui engendrera son assassinat en 2001 à seulement 37 ans.
Caire Fauvel profite de l’album pour apostropher sur la situation de la femme en Inde et sur le révoltant système des castes qui subsiste encore malgré son interdiction.
Le découpage est cinématographique et lisible. Les phylactères ne comportent aucune lourdeur, les textes sont suffisants. Bien dosés, ils vont à l’essentiel.
Avec son dessin traditionnel, son trait doux et réaliste, des gros plans réguliers sur les visages des personnages, l’artiste parvient à susciter de l’émotion et à favoriser l’empathie.
Ses illustrations délicates et subtiles contrastent avec la dureté de l’histoire. Elle signe un hommage déchirant, nous touche avec intelligence et nous prouve qu’elle est déjà une bédéiste prometteuse que l’on a hâte de retrouver. Elle s’est d’ailleurs engagée dans un autre livre dessiné plus intime cette fois qui devrait sortir dans quelques mois chez Rue de Sèvres.
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