Éditée par Dargaud, elle associe l’inventif Fabien Nury au virtuose Matthieu Bonhomme.
L’opus introductif intitulé La princesse et l’archiduc pose les bases d’une saga prévue en quatre volets. Avec ses nombreuses qualités, il hameçonne le lecteur avec efficacité.
Les deux auteurs ont conçu une séduisante fresque historique dans laquelle s’entrecroisent habilement fiction et réalité. Ils se sont inspirés de l’exceptionnel destin de Charlotte de Belgique, la fille du roi Léopold 1er. Ils ont cherché de la documentation puis ils ont romancé et ajouté quelques rencontres.
Fabien Nury nous présente les deux altesses avec méthode et savoir faire. Après une rencontre protocolaire, les jeunes gens vont se découvrir des affinités et se marier.
En unissant sa fille à un descendant des Habsbourg, le roi de Belgique donnera du poids à sa dynastie sur l’échiquier international.
Si tout commence sous les meilleurs auspices, la nuit de noces et surtout Solférino marqueront les premières étapes d’une descente aux enfers parfaitement orchestrée par un scénariste qui s’amuse à mettre en scène des époux totalement dépassés par les événements.
Face à l’adversité, ils réagissent différemment. Si l’archiduc se révèle faible et un peu pitoyable, Charlotte fait preuve de lucidité, tout en se montrant digne et combative.
Les illustrations de Matthieu Bonhomme sont époustouflantes. Le dessinateur s’est plongé dans les cahiers mondains du second empire pour imaginer un découpage extrêmement ingénieux. Il est composé de fioritures, de grand panoramas à la manière des tableaux et autres gravures de l’époque mais aussi de somptueuses images en médaillons. Tout est très organisé, calibré au millimètre.
La double page consacrée au cortège nuptial est prodigieuse.
Avec sa science du cadrage, il accroche le regard et nous emmène là ou il le souhaite. Il met ainsi en relief la magnificence des noces et la beauté de Charlotte.
La lumière est subtile et ses effets envoûtants. La quadrichromie utilisée, la finesse des lettrages, la qualité du papier contribuent également à faire de cet objet un petit chef d’œuvre.
Pour leur première collaboration, les deux artistes se sont surpassés, les 70 pages se dévorent à toute vitesse, le récit est captivant et le rendu éblouissant.
Vivement la suite!
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