A la fois dessinateur et coloriste, l’artiste originaire de Caen avait suivi des cours de danse avant de se consacrer à des études de BD à Bruxelles. Il avait ensuite storyboardé pour le cinéma d’animation avant d’illustrer quelques albums pour le neuvième art.
Après être tombé sous le charme d’ une nouvelle de Thilde Barboni il avait noué avec la romancière une solide complicité à l’origine de l’album Hibakusha. Ensemble, ils avaient adapté le texte à son dessin singulier. Ils ont mis en images une histoire d’amour captivante qui se déroule au Japon, des illustrations claires et lisibles sublimées par une mise en scène qui transpire l’émotion.
Il faut dire que cet univers oriental, il l’avait dans la peau. Son père enseignait le karaté, il avait été bercé par les mangas, était un amateur érudit de peinture chinoise, dessinait debout et se distinguait par son geste envolé et gracieux.
Avec cet opus, l’artiste qui aimait « prolonger l’histoire au-delà des albums », nous offre dans ce cahier au façonnage superbe des instantanés raffinés Au programme, une cinquante d’ esquisses japonaises et un thème dominant : la féminité. Au fil des pages, le lecteur rencontre diverses beautés, des femmes fières qui semblent tenir la pose, des guerrières, des geishas…. Elles sont toutes énigmatiques et séduisantes. Qu’elles soient assises, debout, de face ou de profil, elles toisent le lecteur, l’ invitent à la réflexion tout en le transportant sur des terres éloignées
Elles ont en commun d’être conçues à partir d’ intentions subtiles, d’être réalisées par un trait précis, élégant et rare. Elles sont exécutées avec une maîtrise impeccable et beaucoup de délicatesse. Elles suscitent toutes des sensations variées et nécessitent pour certaines à l’image des vers nippons une lecture approfondie.
Les couleurs utilisées, principalement le noir et le rouge marquent un contraste saisissant tout en offrant un précieux sentiment d’intemporalité.
Haïku est un hommage poignant, une pirouette savoureuse qui met en relief la technique affûtée d’Olivier Cinna. Il nous permet d’admirer une fois encore les dessins asiatiques époustouflants d’ un homme généreux et talentueux qui nous manque énormément.
Ecoutez la Chronique :