L’artiste a choisi d’exposer au grand jour la situation des femmes migrantes sur le sol français.
Pendant une année et demie, il est allé à leur rencontre en se rendant les dimanches après-midis aux réunions de l’association « Femmes en Luth », un espace de vie solidaire, un îlot réconfortant localisé à Valence où des femmes de toutes origines réalisent des activités, échangent, se retrouvent tentant ainsi de retrouver une vie normale.
Elles ont toutes en commun le déracinement et une histoire personnelle douloureuse fréquemment marquée par l’abandon d’êtres aimés et des drames. Elles mènent quasiment toutes un combat pour la régularisation.
Dans un premier temps, l’auteur a assisté aux réunions, gagné leur confiance et recueilli leurs témoignages.
Il a ensuite pris le recul nécessaire pour trier et concevoir le livre dessiné.
Pour ce projet, il a décidé de se mettre en retrait accordant la première place à la parole des femmes.
La narration est composée de différents chapitres, une alternance de confidences pendant lesquelles elles partagent avec le lecteur leur intimité. Les différents portraits sont entrecoupés de silences qui permettent de mettre en valeur les propos mais aussi de mieux digérer l’insoutenable.
En dépit de leurs parcours difficiles, elles délivrent une belle leçon de courage et d’humilité. Faisant toutes acte de résilience, elles continuent à rire et sourire. Parfois, en de rares occasions, elles dansent aussi.
Vincent Djinda a fait des choix graphiques forts assez déstabilisants au premier abord mais qui s’avèrent à la lecture pertinents et justes.
Il a allégé le dessin et accordé beaucoup d’importance aux postures et à la gestuelle.
Pour la couleur, il a choisi la sobriété et un noir et blanc suffisant.
Et pourtant elles dansent… est un album profond et émouvant. C’est avant tout un message de paix et un bel hommage à toutes ces femmes qui luttent.
C’est aussi un joli modèle de vivre ensemble inspirant et porteur d’espoir.
Ecoutez la Chronique :