Réalisé en partenariat avec le magazine Guerres et Histoire, le livre dessiné impressionne par sa portée, sa beauté et la qualité des informations qu’il contient.
C’est un réel bonheur de retrouver l’ennemi juré d’Oussama Ben Laden, l’éternel résistant, un combattant fascinant dont nous n’avons sans doute en Occident pas entendu suffisamment les recommandations et
saisi l’inquiétant message.
Jean-Pierre Pécau est l’artisan de ce récit addictif. Aux commandes, il œuvre avec maîtrise. Il nous embarque complètement avec une introduction tonitruante et une narration impeccable.
C’est un fait incroyable qui inspira l’album, un article de Lasha Otkhmezuri paru en 2015 dans les pages de la revue partenaire.
L’auteur a su extraire les informations et tirer profit d’un procédé narratif inventif pour nous conter une aventure humaine fabuleuse mais aussi et surtout nous permettre d’appréhender une personnalité
d’exception qui repoussa les Russes puis les talibans.
Par le biais d’une histoire assez sensationnelle, celle d’un ex-soldat soviétique réquisitionné pour combattre en Afghanistan, le scénariste nous conte un pays ravagé par la guerre mais aussi la
détermination d’un moudjahidine qui marqua viscéralement ceux qui le côtoyèrent.
Nikolaï Bystrov est un homme qui, à 19 ans fut réquisitionné par l’armée russe pour soutenir les communistes Afghans. Il intégra les forces spéciales et devint un redoutable tireur avant de s’enfoncer comme
beaucoup d’autres dans la guérilla, une lutte fratricide et un véritable bourbier.
Dans le cadre d’une opération, le militaire tomba dans une embuscade. Il fut arrêté puis vendu aux hommes de Massoud dont il va au fil des jours gagner la confiance au point de devenir pendant trois ans l’un
de ses fidèles, son garde du corps dévoué qu’il quittera finalement à contrecœur pour d’autres projets après lui avoir sauvé la vie à plusieurs reprises.
C’est un parcours de vie passionnant que le bédéiste met en scène, un cheminement à la fois fort, riche et émouvant qui s’achève sur un rebondissement déroutant.
Grâce à un récit non linéaire, il nous invite malicieusement dans l’intimité du faucon afghan, il nous permet d’apprécier son charisme, sa culture et son rejet du fondamentalisme. Il décrit un chef de guerre
méfiant et aux abois, proche de ses hommes, généreux, visionnaire, pragmatique et simple qui avait compris le pouvoir offert par la médiatisation.
Après avoir déjoué 41 tentatives d’assassinat, il sera finalement piégé et tué 2 jours avant les attentats du 11 septembre 2011 à l’âge de 48 ans. Le Che Guevara d’Orient entra rapidement dans la légende, il
laissa un vide abyssal et un souvenir intarissable.
Le découpage est avantageux et pertinent. Il y a des cases panoramiques d’une rare beauté. L’illustrateur Renato Arlem offre une prestation graphique magistrale, un dessin réaliste et juste qui restitue
parfaitement une terre brute et sauvage. Il reproduit son relief, ses sommets et ses anfractuosités.
Il met en cases des paysages qui nous transportent immédiatement dans le temps et l’espace. Les textes rares permettent de profiter des images, de poser son regard ce qui ne manque pas de saveur.
Le coloriste Thiago Rocha offre une belle alternance d’ambiances qui nous guide dans une excursion exaltante.
Le garde du corps de Massoud rappellera forcément aux plus érudits Le photographe la cultissime trilogie signée Emmanuel Guibert et Didier Lefèvre chez Aire Libre.
C’est un one shot captivant et un hommage original au Lion du Pandjchir qui soulève au passage de nombreux questionnements. Il est complété par un dossier documentaire éclairant.
Il y a dans cette bande dessinée un souffle épique, un joli savoir-faire, un héros mémorable, autant d’éléments combinés qui nous permettent de passer un excellent moment.
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