Joel Alessandra a été contacté par Jeanne Roche, psychologue et docteure en neuropsychologie au SMAEC, Service Mobile d’Accompagnement d’Évaluation et de Coordination qui est également un Centre de Ressources destiné aux enfants, aux adolescents et jeunes adultes qui souffrent des conséquences de lésions cérébrales. Elle avait particulièrement apprécié son livre dessiné sur la neurofibromatose intitulé A fleur de peau, un opus édité chez Filidalo en partenariat avec l’ANR. C’est assez naturellement qu’elle confia au créateur de ce touchant one shot la réalisation d’un support un peu similaire afin de faire connaître au plus grand nombre la tumeur cérébrale chez l’enfant, une maladie qui touche chaque année en France, plus de 500 jeunes.

L’artiste s’est engagé avec toute sa générosité et son talent dans ce projet ambitieux et c’est dans ce contexte qu’ il imagina cet outil de médiation pertinent et adapté.

Il a mis une fois de plus son savoir-faire au profit d’une jolie cause. Il narre avec toute la délicatesse qu’on lui connaît un méchant microbe souvent curable dont le traitement laisse peu à peu la place à un accompagnement conséquent et souvent à des séquelles considérables.

Une fois encore, l’illustrateur baroudeur 8 pour ce livre de commande une enquête approfondie. Il s’est immergé complètement prenant au passage de nombreuses notes et un paquet de clichés. Il a rencontré des patients d’âges différents qui ont tous été opérés pour cette pathologie. Il a recueilli leurs témoignages et fait en sorte que leurs sentiments et ceux de leurs proches transparaissent. Il est ensuite allé au contact des professionnels de santé, oncologues, psychologues mais aussi des éducateurs, assistants de service social, ergothérapeutes et enseignants.

Il signe un récit documenté, inattaquable en terme didactique qu’il habille d’une intrigue réaliste et plaisante.

Cette histoire romancée nous propose de suivre Antoine un jeune garçon de 10 ans et sa famille dans une expérience bouleversante. On découvre avec eux les symptômes, les premières interrogations, l’IRM puis l’annonce de l’angoissant verdict.

Il met en relief le choc occasionné, puis décrit avec justesse et compassion l’intervention et les efforts conséquents, le courage nécessaire pour surmonter une épreuve comme celle-ci car hélas, les personnes cérébro-lésées conservent fréquemment des troubles importants. Il y a des handicaps visibles et invisibles comme des difficultés cognitives, des problèmes de concentration, d’apprentissage, des fragilités et parfois des soucis de socialisation

Il met en lumière la complémentarité et la bienveillance d’une équipe déterminée à aider le patient à « faire avec » ou « faire au mieux ».

Il mêle à son récit un quotidien qu’il connaît bien, celui d’un bédéiste en quête de belles rencontres.

Pour aborder ce sujet sérieux et grave, le diplômé de l’école Boulle utilise un gaufrier classique et un crayonné agréable sans encrage.

Il emploie un code couleur ingénieux, des tonalités chaudes, du sépia pour les flashbacks qu’il réalise comme souvent avec du café ce qui donne un coté savoureux et permet immédiatement d’identifier sa patte. Il utilise ensuite des nuances de bleu pour dire le quotidien d’un jeune dessinateur que l’on ne sent pas toujours très à l’aise. Il tire ensuite profit d’un traitement coloré et gai pour évoquer les soins et l’encadrement du patient.

Le bruit de la pluie est un récit fort doté d’une préface qui nous va droit au cœur et d’un cahier conclusif convaincant.

Ce n’est pas un reportage, c’est un message d’espoir dans lequel Joël Alessandra glisse un peu de poésie et toute l’humanité qui le caractérise. C’est un album facile d’accès, pédagogique et particulièrement émouvant.

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