C’est un récit à la fois touchant, enthousiasmant et trépidant.
Enyeto Johnson est un facteur amérindien, il va prendre en charge un colis peu ordinaire, une fillette nommée Jenny. Elle vient de perdre sa mère après un tremblement de terre et son beau-père a décidé de l’expédier par voie postale à Chicago en Illinois, chez ses parents, profitant ainsi d’un règlement imprécis. Malgré des débuts compliqués, une connexion va rapidement s’établir entre les deux protagonistes, une évidente et belle complicité.
L’auteur nous transporte en 1906, il nous confronte à la bêtise, au racisme, à une époque rude et impitoyable. Suite à un concours de circonstances navrant le tandem va être recherché et dans l’obligation de prendre la fuite. En cavale, ils croiseront la route de personnes surprenantes découvrant rapidement que les apparences sont souvent trompeuses.
Avec ce road trip excitant qui nous mène de San Francisco à Chicago, le scénariste breton nous propose de l’action, des flashbacks et un excellent moment de lecture. On s’attache facilement à des acteurs sympathiques, malmenés par une vie qui ne les a pas épargnés. On redécouvre l’histoire américaine avec l’énigmatique postier qui permet une sensibilisation judicieuse au sort tragique réservé aux autochtones.
On retrouve clairement dans cette narration l’appétence de l’auteur pour l ’histoire et la géographie, deux disciplines qu’il enseigne en même temps que son activité de bédéiste. Il met en relief la diversité des paysages et des habitants, la vitalité de ce territoire immense sur lequel tout peut se produire, le meilleur comme le pire. Avec l’improbable duo, on passe par toutes les émotions, on tremble, on s‘insurge et on rit. Nous sommes les témoins d’une tranche de vie qui respire l’authenticité. Le contexte est parfaitement introduit ce qui présage d’une solide documentation.
C’est un monde chahuté, en mutation dans lequel nos deux acteurs évoluent et progressent à cheval, en bateau et en train.
Ce mouvement perpétuel est mis en scène de main de maître par l’illustrateur Roger Vidal, artisan d’un rendu dynamique et agréable consécutif à l’usage de cases panoramiques nombreuses, d’un découpage varié et d’une alternance ingénieuse de cernes noires et blanches.
Ces effets associés à un dessin délicat, à des décors splendides font de cet ouvrage un ravissement.
On apprécie également cette touche un peu manga qui ressort des traits de Jenny. Elle ajoute une modernité qui contraste habilement avec une patine vintage travaillée. Les couleurs du dessinateur et de son assistante Christina. G sont également une belle réussite.
La petite fille et le postman est un album captivant, extrêmement lisible et plaisant qui nous laisse au final une excellente impression.
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