C’est un livre dessiné dans lequel des gags désopilants défilent avec malice. Ils ont en commun d’avoir une issue toujours funeste et de nous arracher de jolis sourires.
Ils s’adressent à un public adulte disposant d’une belle ouverture d’esprit, d’un second degré solide et d’un entraînement à la dérision à toute épreuve.
Car dans cet objet attirant, surprenant et hilarant, les deux auteurs mettent en scène la mort. Elle épouse la forme d’un squelette vêtu d’une robe de bure noire et équipée d’une faux. Elle est le fil conducteur de ce récit, une invitée de marque qui tour à tour nous percute, nous dérange et une fois n’est pas coutume nous amuse.
Le scénariste a imaginé des gags à l’impact narratif dévastateur. Ils sont rythmés, efficaces parfois grinçants et toujours impitoyables. Ils se présentent la plupart du temps sous la forme d’une planche composée de quatre images. L’opus en concentre une centaine. Ils obéissent à une mécanique variée, à des ressorts comiques renouvelés mais ils ne sont jamais simplistes. Ils sont enrichis de textes corrosifs et il faut bien reconnaître que l’on en prend souvent plein la tronche. C’est un projet que les deux complices avaient dans leur tiroir depuis un bon moment et qui tombe très bien.
Ils ont permis au dessinateur Thierry Martin de s’offrir une belle récréation. L’artiste dont le travail a été mis en relief de belle manière lors d’une splendide exposition lors du dernier Quai des Bulles a exécuté les illustrations par petites touches échappant ainsi à la monotonie d’une histoire épaisse ainsi qu’à des personnages récurrents. On y reconnaît assez nettement sa patte, ses jolis dessins réalisés à la plume judicieusement relevés par une colorisation numérique impeccable. Il y a dans certains un petit côté cartoon jubilatoire. L’album regorge de bonnes idées et de finesse à l’image de cette couverture astucieuse qui laisse transpirer le génie de ses créateurs.
Ils ont été avisés de choisir une thématique intemporelle, impérissable et universelle. Ensemble, ils font mouche, réussissant un exercice plus que périlleux. Comme ils nous le rappellent subtilement, rien ne sert de se voiler la face, la faucheuse a toujours le dernier mot, entre en scène quand elle le désire et ne s’embarrasse d’aucune formalité.
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