Il a la particularité d’être très documenté et exécuté de main de maître par une autrice qui a apporté autant de soin au fond qu’à la forme.
Dans ce premier volet intitulé La fille sage, elle pose le cadre avec adresse d’une narration en 2 tomes. Elle nous plonge dans une époque rude et tendue, une France gouvernée par Catherine de Médicis rongée par des querelles intestines sur fond de guerre de religion entre catholiques et protestants. Elle nous introduit finement dans l’intimité d’une femme puissante soucieuse dans un premier temps de préserver la paix.
La souveraine qui a sans doute été dépassée par sa légende aimait s’entourer d’une cour féminine dont elle choisissait elle-même les membres, des jeunes filles bien nées, remarquées pour leur esprit, l’élégance de leurs manières et leur physique avantageux. Elles accompagnaient leur maîtresse dès lors que celle-ci voyageait pour rencontrer des adversaires, elles avaient pour but d’amadouer, charmer le groupe de mâles belligérants afin de les mettre en confiance avant d’éventuelles négociations. Elles obéissaient à des règles rigides.
Dans cet opus liminaire découpé en trois chapitres, l’ex-décoratrice pour le cinéma imagine le recrutement et l’initiation d’une de ces jeunes filles de compagnie. Gabrielle est une demoiselle de 15 ans, elle est la petite fille du duc de Rostaing. Elle a reçu l’éducation qui sied à son rang et possède, on l’aperçoit rapidement, de belles qualités, de l’audace et un charme magnétique. C’est à travers ses yeux que l’on va découvrir un monde d’intrigants où le moindre faux pas est scruté de près mais aussi pénétrer dans l’entourage de la reine. On va ainsi découvrir un personnage passionné d’art, de littérature et d’astrologie.
Par le biais de Gabrielle, le lecteur pourra se faire une vision réaliste de la condition féminine à cette époque mais aussi d’une capitale alors peu reluisante. On est captivés par le cheminement personnel, l’aventure intérieure de cette courtisane espérant secrètement qu’elle ne restera pas raisonnable trop longtemps. On traverse à ses côtés la grande histoire et c’est assez fascinant.
On retrouve les ingrédients nécessaires pour tenir efficacement le lecteur en haleine, un peu d’action, de l’amour, des sentiments contrariés et un zeste de trahison.
Côté dessin, tout est un ravissement. Chaque partie est introduite par une citation et un décor raffiné. Le découpage est classique et les illustrations élégantes. Elles semblent marquées par le temps se confondant parfois avec les tapisseries d’alors.
La fille sage, c’est un opus romanesque qui nous embarque facilement. On est happés par sa couverture splendide, son contenu délicat, mais également par un script très élaboré dont il se dégage, le souci du moindre détail. Il s’achève sur une postface éclairante signée par le maître de conférences en histoire moderne, Jérémie Foa. Nul doute qu’il plaira aux férus d’histoire mais également aux amateurs de beaux objets qui admireront comme il se doit le travail d’orfèvre accompli par une bédéiste prometteuse et une équipe éditoriale au top.
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