C’est une bd réalisée aux Éditions Deman, par le journaliste Laurent Hopman et le formidable touche à tout, Renaud Roche. Elle est introduite par une couverture hyper efficace qui laisse entrevoir un créateur pensif, George Lucas, en proie à de nombreux obstacles.
C’est un récit ambitieux, extrêmement documenté dirigé par un professionnel exigeant et admiratif. Il a entrepris et digéré un énorme travail de recherches pour nous raconter de la façon la plus fiable possible une saga aussi incroyable dans les coulisses qu’à l’écran.
Il s’est replongé dans l’univers fantastique et c’est avec finesse qu’il nous présente un réalisateur fascinant et déterminé, un personnage mystérieux et secret doté de qualités humaines indéniables.
Cet authentique introverti, généreux, droit et rebelle a pris tous les risques pour mener à bien ses projets. Pour réaliser l’extraordinaire saga qui fera son succès, il a misé tout ce qu’il avait gagné avec son second film American Graffiti. La découverte de son parcours inspire le respect dévoilant un personnage humainement intéressant, peu matérialiste et relativement détaché des considérations financières.
La partie graphique est signée Renaud Roche, un artiste polymorphe de grand talent qui grâce à un séquençage intense, à une mise en scène habile, à un trait extrêmement fluide est parvenu à dynamiser le récit. Son dessin réaliste, pas trop détaillé est du plus bel effet. Il a croqué les personnages avec maestria. On note une attention particulière pour l’action et l’expressivité des visages. La couleur est utilisée avec parcimonie afin de souligner quelques éléments du récit et mettre en avant certaines cases. Le choix du noir et blanc est une idée judicieuse qui donne un côté adulte, sérieux et rétro qui rappelle un peu le storyboard et bien évidemment le septième art.
L’intérêt principal de cette bande dessinée c’est qu’elle permet d’intégrer des situations jamais vues, de représenter fidèlement tous les comédiens, Carrie Fisher, Harrison Ford, Mark Hamill, Alec Guinness etc…d’évoquer leurs relations, la genèse du scénario et ses transformations, mais aussi le financement, en bref de révéler sans voyeurisme excessif ce qui se passe derrière les caméras, loin des salles obscures. On devient spectateur de la création d’un monument et c’est assez grisant. On retrouve avec plaisir les différents protagonistes mais également un peu de magie, d’émerveillement ce qui après tant d’années prouve la force singulière d’épisodes culte auxquels la pop culture doit tellement.
Les guerres de Lucas c’est un sublime hommage que l’on referme en espérant que la suite arrive très, très vite. Approuvé par les fans, accueilli favorablement en France et à l’étranger, l’opus connaît déjà une reconnaissance critique importante avec plusieurs nominations pour des prix majeurs ce qui est assez légitime car c’est un magnifique album.

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