C’est aussi le titre extrêmement bien choisi et pertinent d’un roman graphique édité cette année par Sarbacane. Il est scénarisé par El Diablo et illustré par Djilian Deroche.
C’est une histoire impitoyable et cruelle qui nous conte des destins contrariées, de vies abîmées au nom du profit et de l’intérêt de quelques ordures déterminées. C’est un récit qui rend brillamment hommage aux premières nations, Américaines et Canadiennes mais également et évidemment aux nombreuses victimes d’ une course au pétrole effrénée. Des hommes, des femmes qui furent dépossédés, escroqués, abusés et fréquemment assassinés.
C’est un roman graphique puissant et généreux qui profite d’un travail éditorial remarquable. Il nous raconte les péripéties de Gus un orpailleur rustre, dangereux et audacieux, un homme qui viendra s’installer sur une terre inhospitalière, sauvage en quête de richesse. C’est un personnage singulier que nous brosse son auteur, un aventurier pas vraiment attachant mais charismatique et imprévisible dont on suit les aventures avec passion. Il croisera la route d’autres protagonistes aux caractères marqués, il y a Jay Foxton le vil bandit, méprisant et immoral, son valet, Linus, un policier complice, violent et répugnant, un frère handicapé imposant et niais et des actrices aux caractères forts Linda, Sally qui remontent un peu le niveau et semblent attendre leur heure.
C’est une narration composée d’une introduction, de deux parties et d’une conclusion lumineuse que nous propose El diablo, quelque chose de très structuré où tout s’imbrique avec subtilité et finesse. Après le lynchage en règle, il y est question d’une vengeance féroce.
Si le découpage de cette bande dessinée est en apparence classique, il n’en demeure pas moins d’une redoutable efficacité. Le scénariste nous ballade habilement de séquence en séquence et nous offre au final un divertissement bien mené et relevé. Il parvient à attiser notre intérêt grâce à rythme entraînant, une dimension spirituelle omniprésente et des rebondissements haletants.
Djilian Deroche nous séduit avec un dessin semi-réaliste, dynamique à la fois old school et délicieux qui sied à merveille à une thématique brutale, une contrée austère et une époque effervescente.
Les couleurs de Marion Chancerel nous impressionnent déjà sur la couverture de l’opus. Elles constituent une plus value non négligeable. La coloriste génère des ambiances qui nous plongent au cœur de l’intrigue. Elle s’y connaît pour capter l’œil du lecteur et faire de lui un spectateur enthousiaste et captivé.
Carcajou, c’est un pavé relié qui fait mouche à tous les coups, une bande dessinée judicieusement retenue par l’ACBD dans le cadre de ses conseils de lectures pour l’été. Cette pépite est le fruit d’une collaboration réussie entre trois bédéistes de grand talent dont on espère découvrir hâtivement les nouvelles réalisations.
Ca pétille c'est la chronique qui vous permet de suivre toute l'actualité de la bande dessinée, avec la présentation d'une nouvelle BD chaque semaine !
Stéphane Berducat vous fait partager ses coups de cœur sur l'antenne de Méga fm.
Retrouvez "Ca pétille" le mardi 9h50, le mercredi 17h50, le vendredi 12h50, le samedi 19h20 et le dimanche 9h40 et 16h50